Parlons tout d'abord de la traduction, et surtout de la perception, de l'expression française : « ne… pas que ». En français, dans Le Bon Usage, Grammaire française, Grevisse cite par exemple : « Il n’y avait pas que des hommes dans cette cohue » (Th. Gautier, Le Capitaine Fracasse, XII). Naturellement traduire par « I aviá pas que d’òmes dins aquela molonada » serait faire dire à l'auteur exactement le contrraire de ce qu'il dit. Alors il y en a qui proposeront : « I aviá pas solament d’òmes ».
C'est une des solutions que nous trouvons dans le livret de Rogièr Teulat, Mémento grammatical de l’occitan référentiel. En effet, pour traduire « Il n’est pas venu qu’hier », Teulat avance une première tournure : « Es pas vengut solament ièr ». Le problème, c'est que cette façon de dire (« pas solament »), qui est bien comprise, il est vrai, n'est pas du tout celle de ceux qui parlent le languedocien. Ils emploient systématiquement « mai que » dans un contexte d’« élargissement ».
Teulat propose à juste titre pour « Il n’est pas venu qu’hier » une seconde tournure : « Es estat vengut mai que ièr ». C'est celle-ci que j'ai toujours entendue. Ainsi nous disons : « I aviá mai que nosautres » (« Il n’y avait pas que nous » = « nous n’étions pas seuls »). Et pour traduire la phrase de Gautier reprise par Grevisse, nous aurions : « I aviá mai que d’òmes dins aquela molonada ».
Joan-Pèire Tardiu
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